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dans cette œuvre où, précisément, l’auteur se propose de fixer une certaine figure, de retracer le drame d’une existence.

Tout ce qui serait orageux et angoissant dans une autre histoire que celle de Marie se décide et s’enchaîne dans la sienne naturellement et sans heurt, parce que Marie est simple et saine. Elle reçoit de la vie le bon et le mauvais, sans plus se contracter qu’une plante vigoureuse sous le soleil où sous la grêle. Elle est heureuse ou malheureuse, mais sans grands gestes. Le tragique n’a guère de prise sur elle et il semble que sa robuste acceptation désarme à demi la douleur. S’il arrive que le vice soit peint en rouge sur ses joues, la pureté habite quand même son cœur parce qu’elle est de ces êtres à qui s’applique la parole de saint Paul : Tout est pur pour ceux qui sont purs.

Comme tant d’histoires vraies, celle de Marie pouvait paraître invraisemblable. Une histoire est invraisemblable quand elle déroule la logique de nos sentiments ; quand, tout ne s’y passant point selon une certaine vérité conventionnelle, les faits n’apportent pas avec eux leur suffisante justification.

Mais l’histoire de Marie, mais l’étonnant roman de Marie et de Henry Boulant ne nous laissent ni incrédules ni scandalisés : c’est que nous comprenons ; c’est qu’André Baillon nous fait tout comprendre et, par conséquent, tout admettre, et que le récit, sous sa plume, a trop de qualité humaine pour être jamais scabreux.

Baillon n’a pas besoin de longs commentaires, de développements psychologiques pour expliquer l’action : tout son pouvoir est dans la fa-