Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mademoiselle, m’accorderez-vous cette danse ? Elle regarda Vladimir : « Avec un autre ? — Mais certainement. »

L’homme dansait bien, on peut même dire qu’il dansait mieux que Vladimir. Elle l’appelait « Mon Seigneur bleu ». Il l’avait prise à la taille et la guidait, en tournant légèrement, parmi les groupes. Sa poitrine était large, bonne à s’appuyer. Sous le manteau, ses bras serraient ferme. Après la première danse : « Encore celle-ci ? » Elle voulut bien. Il fallait en se balançant s’étreindre de toutes ses forces : on avait l’air de s’aimer :

— Je suis sûr, Mademoiselle, que vous êtes gentille tout plein.

— Vous croyez cela, Mon Seigneur bleu ?

— Et qu’en soulevant ce masque…

— Oh ! cela ne se peut.

— Pourquoi donc ?

Si les voix avaient une couleur, la sienne eût été bleue.

— Et maintenant, ramenez-moi vers mon cavalier.

Sa tête dansait encore. Ils ne virent pas tout de suite que Vladimir n’était plus là. Ils durent, en se tenant par le bras, faire le tour de la salle. Elle eut le temps de n’être plus inquiète :

— Cela ne fait rien, dit le Seigneur bleu.

Cela ne faisait, en effet, rien. Ils s’assirent quelque part. Sous la clarté d’un lustre, elle voyait mieux le bleu des yeux du Seigneur bleu. Elle avait chaud. Il dit, en montrant le masque :

— Enlevez donc cela.

Après tout, d’autres femmes montraient leur visage à découvert.