Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est un jour heureux, demain jour heureux, puis dimanche… Après ? Quand on cueille des roses, va-t-on s’inquiéter de la neige plus tard ? Qu’elle tombe d’abord.

Pendant ce temps, la pauvre petite Yvonne restait bien morte. Elle voulut, un soir, la ressusciter pour Vladimir :

— Tu sais, chéri, je ne veux rien te cacher : avant toi…

— Bast…, trancha Vladimir.

La petite, qui devait renaître, ne ressuscita pas plus avant.

Et Monsieur ? Mon Dieu, quand elle rentrait à la nuit, une lumière l’attendait. Allait-elle, à cause de Vladimir, faire de la peine à Monsieur ? À cause de Monsieur, faire de la peine à Vladimir ? D’ailleurs les devinettes l’avaient dit : d’un côté l’os, de l’autre la viande. Elle préférait se taire. Quant à un troisième… Un jour, un ami de Monsieur la suivit et brusquement, dans la nuque, lui planta ses deux lèvres. Deux lèvres dans la nuque vous chatouillent cependant ; eh bien ! non, elle n’en voulut pas et vlan ! sur le beau Monsieur, elle mit une gifle.

Un autre jour, Ali se jeta à ses pieds : « Moi aimer vô. » Un nègre ! Marie ne se fâcha pas. Elle ne rit pas non plus. Elle se trouvait assise près de sa table, où refroidissait une crème. Comme il recommençait, la bouche ouverte : « Moi, aimer vô », elle y fourra une cuillerée, puis une autre, puis de nouveau… Tant qu’il n’en resta plus.

— Et maintenant, va, mon brave Ali.

Pourquoi Vladimir rit-il si fort quand il connut cette histoire ?