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XIII



La porte bâillait un peu… Oui… c’était du Bach… ou peut-être du Beethoven, il ne savait pas au juste, mais en tout cas, quelque chose de beau, puisque celle qui en jouait, était une grande artiste. Il écoutait comme on respire un bon parfum. Il regardait aussi. Ces cuivres, ces plâtres, il pendait là de ces objets qu’on aime à revoir parce qu’on ne les trouve pas chez les bourgeois. Au fond, ces deux grandes ailes : une Victoire. Autrefois, lui aussi, cette Victoire… Bast ! qu’était-il maintenant ?…

Il sonna. Il la regarda venir. Oh ! pas une Marie ! Drapée dans du rouge à grands plis, un nez découpé « Je veux », des yeux qui pensent, un air à l’appeler « Impéria » et aussi « la Madone ».

— Bonjour, Mademoiselle, j’ai à vous remettre ceci.

Elle tâta le papier. Il y a huit jours, un M. Boulant, journaliste, lui avait écrit : « Mademoiselle, à l’occasion de votre concert, je me propose de publier votre portrait… »

— Ah oui ! mais entrez donc.

Elle s’effaçait. Évidemment, il avait mis des gants clairs pour entrer. Il fit :

— Pas la peine, Mademoiselle… c’est de la part de M. Boulant. Au revoir !

Il marcha vite : il rageait un peu, comme quand on a raté quelque chose qu’on aurait voulu réussir. Il rentra ; il dit à Marie :