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Les autres s’agitaient déjà : « Mon cher, nous avons ceci, nous avons cela. » Ceci, cela, précisément de ces dépêches :

— Hum, disait Henry.

Il s’enfermait. De la colle, des ciseaux, un crayon sont les outils du secrétaire quand il a ceci ou cela. Par exemple on annonçait : « Paris. Le ministère un Tel a démissionné… » En apprenant cette nouvelle les abonnés allaient penser : « Diable, diable, que va-t-il se produire ? » Henry réfléchissait : « Encore un par terre : que pourrai-je bien cette fois coller là-dessus comme titre ?… »

Et les choses, les belles choses que l’on écrit ? Mon Dieu oui, on écrivait beaucoup de choses. Il pouvait même s’en plaindre ! Henry devait les lire. On appelait cela de la copie. Il grognait :

— Mon vieux, elle est idiote, ta copie… enfin ça peut aller. Mais elle est beaucoup trop longue.

Et raf ! tout ce qui, étant trop long, devenait de la « littérature » il le barrait.

Et ces téléphones, eh oui, ils sonnaient : « Drelin… drelin… » qu’on écoutât vite :

— Allô, écoutait Henry. Vous dites ?… Parlez plus haut, Monsieur… Ah !… Mais Monsieur, ces foutaises, ne pourriez-vous pas me les écrire ? Pas la peine au téléphone.

Pourtant à l’atelier, ça devenait sérieux : les linotypes vraiment, elles tiennent du piano et de la poule ; les rotatives, quand elles meuglent, on croirait un cent de vaches. Il arrivait à Henry de s’agiter là dedans : « Vite, mon petit, compose-moi ces quinze lignes… Toi, mon gros, ce filet… ça presse… très important… »