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Elle dit : « Comment, cent francs, Monsieur Boulant ? Que feriez-vous de cent francs ? Gagne-t-on cent francs ? Trois cents que je vous offre ; plus tard, quatre cents… Seulement, moi, vous comprenez, je paie votre temps… je prends tout. »

Henry répondit : « Oui. » Au retour, il revit de ces moineaux « tchip… tchip… » et qui s’en foutent parce qu’ils sont libres. Il dit à Marie :

— Voilà, c’est fait, j’aurai trois cents francs. Et Marie fut bien contente.

Ç’aurait pu être dans une banque, ou bien chez un droguiste. Ce fut dans un journal : de trois heures à minuit. Au bout d’un mois, il devint secrétaire.

Tout de même, un journal, on se laisserait dire : « Mon cher, je ne te parle pas de l’argent que l’on gagne ; mais les choses qu’il faut qu’on sorte, tu sais : écrire, eh bien, mon vieux, écrire c’est écrire, et dans un journal on écrit. Et puis, quelle vie intense ! As-tu vu les linotypes ? On pianote là-dessus, et ce que ça pond ? Des lignes, mon cher ! Et les rotatives ! Elles sont grandes, ces machines, elles sont puissantes, elles mugissent : voilà qui vous impressionne plus qu’un cent de vaches. Et ces rédacteurs qui s’agitent, ces confidences du téléphone, ces dépêches : « À Londres, un diplomate a dit… à Paris, une cocotte va faire… » Mon vieux, le diplomate est toujours à dire, la cocotte est encore en train, que déjà tu le sais… Vraiment une chance que d’être dans un journal ! »

Ouais, ouais ! Henry arrivait à trois heures, pas trois heures cinq, ponctuel.