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précise que lorsqu’elles arrivent, mec ou non, on sent au cœur un petit froid qui fait rire. Vraiment Marie arrêtée, c’était drôle.

Il pensa : « J’irai la réclamer, mais c’est drôle. » Il prit son chapeau pour aller et, vraiment Marie arrêtée, c’était drôle. Il dégringola des marches, et comme il descendait ces marches, comme il arrivait dans la rue, vraiment dans cette rue, malgré qu’il courût, malgré qu’à courir il se vît en pantoufles, Marie arrêtée, mon Dieu, Marie arrêtée, comme c’était drôle !

Pourtant, en arrivant chez le commissaire, il devint tout à coup très pâle. Il aperçut, il est vrai, un de ces gros commissaires, un de ces mufles de commissaires qui vous ont pincé votre femme. Alors, on est un mec furieux, mais aussi un pauvre gosse qui revoudrait bien sa maman. Il commença en douceur :

— Monsieur le commissaire…

Et le commissaire :

— Ah ! ah ! Vous êtes Boulant. Eh bien ! mon bonhomme, on vous l’a pincée, votre femme : elle faisait le trottoir, elle demandait cent sous.

Vlan ! comme cela. Évidemment Henry savait, mais il aurait pu ne pas savoir ; il aurait pu être un brave homme, porter au cœur une de ces maladies de braves hommes qui meurent quand ils sont cocus, et vlan : « Votre femme faisait le trottoir… »

Marie arrêtée, cela parut beaucoup moins drôle. Il se fâcha :

— Monsieur le commissaire, vous n’y mettez pas beaucoup de façons…

Et le commissaire aussi se fâcha :

— Ces messieurs ! Faudrait des gants. Tous