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Ce fut un de ceux-là ; le lendemain encore un de ceux-là ; presque tous les jours, un de ceux-là. Il suffisait même que ce fût celui-là, pour qu’il eût préféré tous les autres, mais pas celui-là. Oh ! cela pinçait. Votre femme avec celui-là, votre femme dont vous savez ce qu’elle va faire, dont vous savez comment elle va le faire, ces rues qu’elle traverse, ce vestibule qu’elle franchit, ce store qui s’abat : « Mon petit, mêle-toi de tes affaires. » C’est alors que l’on réfléchit : « L’amour est l’amour », qu’on pense aux fous, qu’on doit des deux pieds, « non et non », s’accrocher au trottoir pour ne pas bondir là-haut et de cet homme, qu’on devine en chemise dans un lit, faire un homme, n’importe comment, à travers la fenêtre…

Mais, sans doute, qu’à trop souvent se dire « non » on ne sent plus ce « non » ; qu’à trop la fixer, la douleur change comme l’idée dont on ne retrouve plus le visage. Un jour ce type, Henry méprisa ce type : « Toi, mon bonhomme, si tu savais le peu qu’on te donne. » Un autre jour, ce type, Henry sifflota derrière ce type : « Peuh ! mon bonhomme… » Un jour ce type… sait-on ce qui vous vient quand on pense à ce qui se passe derrière un store baissé ?… À peine filé ce type, Henry retrouva sa Marie, il sauta sur Marie, et comme jamais il n’avait aimé sa Marie, il aima sa Marie. Et pour avoir une fois, de cette manière, goûté de sa Marie, les autres fois, il voulut : « Encore celui-ci, encore celui-là, même celui-là… » tant il brûlait, ardent de tous ceux-là, de reprendre pour lui seul sa Marie.

Le même pourtant qui avait dit : « L’homme