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pas vendu le premier de ces huit cent vingt-trois œufs.

Un peu comme autrefois devant les clubs de Londres… Plus tard on prend l’habitude.


VIII



En ville, on n’en aurait pas le temps, et puis on courrait du danger et d’ailleurs pourquoi faire ? Mais enfin, supposons : vous flânez dans une rue, disons même une rue très large, et vous regardez vers en haut, où vous savez le ciel. Que voyez-vous ? D’abord, en ville, votre regard n’arrive pas comme cela jusqu’au ciel. Il y a sur ce mur cette affiche ; il y a ce couvreur qui pourrait culbuter de ce toit ; il y a devant sa fenêtre cette jolie fille avec son buste de jolie fille. Admettons cependant : aujourd’hui vous évitez l’affiche, vous sacrifiez le couvreur, vous dédaignez la jolie fille : vous voulez du ciel. Que voyez-vous ? Des corniches, des cheminées, un peu de blanc, un peu de bleu, un tiers de nuage et par là-dessus des majuscules : « Plus de glaires. »

En ville, ce qui du ciel vous arrive dans l’œil, vous rappelle : « Ne l’oubliez pas, autour de votre âme, vous portez un ventre. »

Filons maintenant à la campagne un dimanche du mois d’août. Au mois d’août, la bruyère est en fleurs. Quand la bruyère est en fleurs, elle est en fleurs, mais elle est aussi en abeilles. Il vole donc des abeilles, il en vole beaucoup,