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tentieux, ou bien ça crève. Ici Henry avait un chien, un camarade. Des dents pour mordre, un poil rugueux, et là-dessous, comme chaque arbre ses fourmis, son chien avait ses puces.

Et surtout ceci : on flâne, on compare. Un jour, il annonça :

— Tu sais la ferme de Pélagie la mendiante, elle est pauvre. Eh bien ! la nôtre est encore plus pauvre.

Un autre jour :

— Tu sais la baraque que Gille s’est construite avec de la glaise et des planches, elle est pauvre. Eh bien ! la nôtre…

Sa ferme était la plus pauvre de toutes les fermes du pays.

Alors ces paysans, ce puits, ces puces, ces baraques, c’est la nature. Et puis, on est loin, on est ailleurs, cela vous change. Changer, du neuf, voilà, quand on a l’âme d’Henry Boulant, ce qui vous fait digérer le lard et adorer les choux.

Dans la nature, on devient simple. Il pensait : « Je deviens simple. » Par malheur, on a des amis ; on ne se l’avoue pas, mais les amis sont des spectateurs dont on souhaite qu’ils vous admirent. On pose un peu, tel qu’on est bien entendu, mais avec un rien de plus, pour que ce soit mieux. Il écrivait : « Je deviens simple. »

Hé ! hé ! Henry Boulant, devenir simple est quelquefois très compliqué.

Tu avais à présent d’autres amis : les gens de l’auberge. Tu leur disais : « Bonjour, Benoît — Bonjour, Alphonse — Bonjour, Mélanie. » Et eux : « Bonjour, Monsieur. » En hiver, Benoît venait frapper à ta porte. Tu le regardais souffler