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— Marie, vous avez tort. Vous aimez Henry ; pour son bien, ne le gâtez pas trop. Il faut le pousser, il faut qu’il travaille… Oui, oui, la littérature je sais ; mais il est temps qu’il gagne sa vie.

Alors lui dire « Voilà, c’est fait. Nous allons à la campagne ; il va gagner sa vie et en même temps il guérira. »

Elle l’expliqua. La tante plaisanta : « Henry, semer des pommes de terre, ce sera drôle ! » D’abord on ne sème pas les pommes de terre, on les plante. Quant à l’oncle !… On se trouvait à table, il frappa dessus, il dit à Henry :

— Vous êtes un paresseux ; avec votre instruction, élever des poules, quel beau métier ! D’ailleurs vous ne ferez jamais rien de bon.

Devant son oncle, Henry était toujours le petit garçon qui se tait. Mais lui aussi se fâcha. Il se tourna vers Marie, qui écoutait toute surprise et ne savait que dire. Il s’emporta :

— Mais, parle donc, Marie, défends-moi.

Et Marie, pour tout ce qu’elle pensait, pleura.

Et le saumon ? Il était prêt, on le servit.


VI



En ce temps-là, lorsqu’il passait une automobile, on s’étonnait encore : « Tiens, voilà une automobile. » C’était curieux, ces voitures qui n’avaient pas de cheval et marchaient quand même. Seulement cela puait. Depuis, il est né beaucoup d’automobiles : on