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— Tiens, qu’est-ce cela ?

— L’âtre, expliqua Marie.

Vous dites : Un âtre, c’est incommode ; cela vous lance des flammèches, cela vous éparpille de la cendre, cela ne vaut pas les cheminées à grand tirage que l’on maçonne dans les appartements de la ville. Marie croyait ainsi. Pas du tout :

— C’est beau, un âtre, déclara Henry.

Il revint avec du bois, il essaya d’une flambée ; il essaya d’une seconde. Il regarda monter la flamme. Elle montait libre. Elle avait l’air de danser. On aurait dit une belle femme sous des voiles de feu. Ce qu’il rêva, Henry ne le dit pas. Peut-être songea-t-il à la ville, où ce feu, comme les hommes, on l’enferme dans des boîtes ; peut-être sa tante lui fit-elle signe ? Il ne dit que la fin :

— Qu’en penses-tu, maman, si nous louions cette baraque ?

Oh non ! Elle ne s’attendait pas : on était entré pour voir, elle n’aimait pas cette baraque. Mais, pour Henry, elle disait toujours : oui. Elle répondit :

— Oui.

Après coup, ils réfléchirent. Dans une ferme, on ne fait pas que du feu : on travaille. La machine à coudre aide, mais ne suffit pas. On interrogea les gens de l’auberge. Il y avait un fils qui s’appelait Alphonse :

— Monsieur pourrait avoir une vache, mais je ne vous le conseille pas.

— Non, dit Henry, c’est difficile.

Il y avait un autre fils qui s’appelait Benoit :

— Peut-être que Monsieur pourrait engraisser des cochons.