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Marie disait :

— Alors votre bœuf, vous le mêlez aux pommes de terre, vous le passez au four et cela s’appelle une polka, ma tante.

— Vraiment, une polka, Marie ?

— Oui, tante.

Elle était heureuse. Tante avait dit : « Je vous aimerai, Marie. » Les autres, elle les sentait curieux de voir comment était taillée celle qu’avait définitivement choisie ce mauvais gars d’Henry. Tant pis : « Je suis sa femme. » Elle fut simplement sa femme.

Elle avait expliqué sa polka. Après, pour tante, elle raconta ce qu’avait fait le prêtre pour bénir l’alliance :

— J’étais bien émue, ma tante…

— Vraiment, Marie ?

— Oh oui ! tante…

Mais au dessert, elle eut certainement tort. Henry venait de se lever assez brusquement. Au lieu de rester assise ! Qu’avait-elle besoin de se précipiter comme une sotte, de s’informer : « Qu’as-tu donc, mon chéri ? » Tant pis, elle le dit. Tant pis, elle lui poussa un fauteuil, elle se tint près de lui et si les autres sourirent, tant pis… tant pis.

Le soir, au départ, comme toujours, elle soutint son gosse sous le bras. Il marchait très courbé. Tante vint jusqu’au seuil pour les voir. Ils n’étaient pas encore loin, elle aurait pu l’entendre, il dit :

— Maman, tu les as vus ? Et si on leur avait tout raconté de ta vie ?…

Elle n’y pensait plus, elle dit :

— Méchant gosse.