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dans cette tignasse, ce paquet en crotte de poule, c’est du brillant, tu sais… »

On passa la viande. Il tint le plat pour sa voisine :

— Sers-toi, ô chère chipie de tante Cécile. Toi tu rages. Tu dis : « Quel monstre d’ouvrière m’a-t-il décroché là ? » Tu te souviens, le soir, où tu m’as laissé seul avec ta garce de nièce ? Celle-là, comme Marie, était pauvre ; mais c’était ta nièce, et moi j’avais des sous.

Le sel, cousine ? Voici… Hé ! hé ! Jolie petite Judith, ma cousine. Autrefois, à cache-cache, que cachions-nous dans les coins ? Tu y penses, sale petite bête. Sans ton lourdaud de mari, tu sourirais. Comment, tu oses ? C’est crâne ! À ta santé, cousine ! Et toi, mon oncle, tu parles d’un beau sermon, tu baisses les yeux, cagot. Un jour, tu voulais me gronder. Ce que tu m’as dit ! « Henry, pensez donc, quand on se trouve la nuit avec une femme, il arrive quelque chose. » Oui, mon oncle, il arrive qu’on leur fasse un enfant. Voilà les mots que tu n’osais pas dire. Cagot.

Il entendit :

— Eh bien, Henry, et la littérature ?

— Un peu, mon oncle, un peu.

Toi, du moins, tu es un brave homme. Tu avais aussi ta morale : « Mon petit, tu es jeune, l’amour avec une femme vaut mieux que l’amour tout seul. » Avec tes cheveux, elle a blanchi, ta morale. Mais tu l’as dit, mon oncle. Tu m’as dit plus : « Quand mon fils sera grand, il ira faire un apprentissage chez les femmes qui fument. Elles sont moins dangereuses que les autres… » Dites donc, « les femmes qui fument » en cherchant un peu… ici…