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dit : « Je vous aimerai, soyez la bienvenue. » Ensuite à Henry : « J’espère qu’à présent, vous voilà devenu sage… »

Comme lorsqu’il était jeune, il commença : « Oui, tante. » Puis il se tut : d’autres entraient.

On n’aurait pas dû. On fit en leur honneur un dîner de bonne famille, avec les choses que l’on mange à un dîner de bonne famille, et aussi les gens qui vous dégoûtent de manger les choses que l’on mange en bonne famille. Têtes à pommade, mâchoires à dentiers, âmes d’hypocrites, il faut les voir réunis pour savoir ce que l’on possède de parents quand on est de bonne famille. Henry disait : « … Que je vous présente ma femme. » Ah oui ! la femme d’Henry : ce devait être drôle, une lingère, à ce qu’ils avaient appris. Tiens, tout de même, une personne avenante, pas laide ; elle se tenait bien, mais ce qu’elle vous mangeait des yeux son Henry ! Fi ! Quel ridicule.

À table, on l’avait placée près de tante, loin d’Henry. Elle s’inquiétait : « Mon gosse, qui s’occupera de sa viande ? Tantôt il riait, maintenant dans son front ses grosses veines… Que pense-t-il ? »

Ce qu’il pensait ?

— Tas de salauds ! C’est de la haine, le pain que l’on brise en bonne famille. Maman, ils te sourient, pour plaire à la tante, mais songe… Hier, avec une loque tu as frotté ma veste. Tu disais : « Comme cela, ils te verront propre. » Avec ces gens, il ne suffit pas d’être propre : il faut être neuf. Et toi, voyons, qu’as-tu là fourré sur ta tête ? Un peigne à deux francs cinquante ! Voyons, voyons ; lorgne à gauche,