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comme tout le monde. Il n’en voyait pour l’instant qu’un fauteuil, un fauteuil très vaste, aux dimensions de ce personnage.

Il pensa : « Celui-là, s’il traîne, je fous le camp. » Il le dit. Il allait le faire. Quand l’échevin arriva :

— Excusez… excusez…

Il sifflait ses « s » comme une machine sa vapeur. Quelle brute ! un gros ventre, une grosse tête, une poigne à vous nouer, en un tour de main, la corde au cou d’Henry Boulant.

Il portait, en ceinture, un morceau de drapeau ; il passa derrière sa table ; il y eut, comme le mariage dans le Code, dans le fauteuil un gros derrière. Il appela :

— Henry Boulant.

Comme c’est curieux ! Jamais, il n’avait vu de si près une noce et voilà, la première, c’était lui. Il fit ce que l’on doit. Il s’approcha, il se tint debout, il écouta l’échevin lire quelque chose hors d’un livre :

— Henry Boulant, consentez-vous ?

Évidemment puisqu’il était là :

— Oui.

De son côté : « Oui », soufflait doucement celle qui, de toute son âme, devenait l’Épouse.

Ainsi ce fut fait. Et alors, parce que c’était fait, parce que c’était fait avec Marie, quelque chose remua dans le cœur d’Henry. Il regarda sa Marie, il pensa… et, tant pis pour le Code, tant pis pour les autres, il tira contre lui et baisa sur les lèvres sa bonne et grosse Marie.

Ils avaient du sucre plein le cœur. Ils allèrent à l’église. Le Bon Dieu sur sa croix vaut tout de même mieux qu’un morceau de drapeau sur