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vous surprennent le jour où l’on fait sa noce ! Celui-ci approchait : il regardait le Père, il regardait la Mère, tous ces gens qui marchaient avec Henry. Il parut surpris, il ne savait rien. Allons, avertis-le : « Mon vieux, c’est aujourd’hui, voici ma femme… » Mais non… mais non… De loin il lança son chapeau : « Ne m’accostez pas, vous êtes un Monsieur qu’on salue… passez, passez. »

Il était triste. Ce matin, Marie se levait comme d’habitude. Elle faisait sa toilette : il avait aperçu un coin de son corps ; il avait pensé : « Je vois le derrière de Marie, depuis des mois, cela me dégoûte. » Après ils étaient partis pour l’église. On a sucé le Bon Dieu chez les Jésuites. Il avait cru : « Ce sera bon, elle et moi, coude à coude, nous agenouiller, et puisque nous nous aimons, redevenir des petits et manger ensemble la divine friandise. » Misère ! La vie nous a collé son ordure sur la langue et à ce que le prêtre y ajoutait, comme tantôt pour Marie, il avait compris : « Cela me dégoûte. »

Et puis, il était furieux. Les parents de Marie avaient logé chez lui. Que venaient-ils faire, ces étrangers ? Ses beaux-parents ! Ah ! Ah ! Un beau-père, une belle-mère, comme dans un vaudeville. Lui, Henry Boulant, il devenait un gendre. Il les regardait marcher, sous leur parapluie, dans leur beau costume de province. Passe encore pour la Mère, une bonne vieille que Marie aimait bien. Elle se troussait : on lui voyait par en-dessous le clair d’un jupon blanc : « Holà, ma petite Frisette, relève ton jupon… » Mais le Père ! Non ! voyez-moi ce dos de cuistre. Ce matin, il puait déjà le rhum !