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un chemin, le long d’un mur, sous des arbres. Il ne passait personne. Il se rapprocha : « Marie », et avec ses lèvres qui prononçaient « Marie » la toucha dans le cou, juste à l’endroit où elle était si sensible. Elle devint comme une fleur qui attend qu’on la cueille. Elle répondit : « Chéri » ; elle l’étreignit à son tour. Puis elle regarda : là le mur… là cet arbre… ici tout le chemin. Elle pensa que plus tard s’ils pouvaient bien s’aimer, le chemin s’appellerait « le chemin des baisers ».

— Et maintenant, dit-il, si vous le voulez, nous rentrerons nous reposer un peu.

Ce baiser ! Elle en était encore plus au point où du temps de François… À rien, elle n’eût répondu non. Quand ils furent chez lui, il l’embrassa, en effet, à la place de tout à l’heure, dans le cou. Mais aussitôt, il s’écarta :

— Prenons garde, Marie, nous pourrions faire des bêtises.

Ils se retrouvèrent, comme le matin, elle dans le fauteuil, lui sur une chaise. Il montra sa table.

— Vous voyez ces papiers : c’est là-dessus que je travaille.

Elle aurait préféré qu’il parlât d’autre chose : on parle de baisers, on parle de l’amour, on parle du corps qui sert à l’amour. Elle essaya. Les mots disent mal ce qu’ils pensent :

— Vraiment, vous n’avez pas été déçu en me voyant ?

— Non, Marie, au contraire, je suis très content…

Elle réfléchit :

— Mais… ne trouvez-vous pas que je suis un peu trop grosse ?