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soulever François, lui découvrir le dos, y surveiller ces verres avec leurs petites flammes qui lui brûlaient ses dernières forces. Quand on le recoucha, on l’aurait cru déjà mort. Ses mains seules vivaient. Avec les siennes Marie disait : « Sens, Petite-Marie est là. » Et lui : « Oui, je sens, Petite-Marie est là. » —  « Ce n’est pas Petite-Marie qui a voulu des ventouses. » — « Je sais, ce n’est pas Petite-Marie qui a voulu des ventouses. » C’était très triste. Il pouvait être cinq heures. À cause du soleil on avait baissé les rideaux. Il se trouvait près du lit Marie et Mère, de l’autre côté, les deux domestiques. Le frère se tenait plus loin dans un fauteuil : il avait l’air d’attendre.

Vers six heures. François se remit à souffler ses petites bulles. Marie tendait son linge. Il en vint une très grosse. Elle crut comprendre que sous cette bulle, il appelait : « Petite-Marie ! » Elle n’aurait pas osé l’affirmer cependant. Elle se pencha, elle demanda : « Que veux-tu, chéri ? » Il serra les doigts et fit, sur le côté, un mouvement avec la tête. Alors elle s’effraya : « François… François ! » parce qu’après ce geste, il aurait dû en faire d’autres…

Mère dit :

— Il est mort.

On voudrait hurler ! Les doigts qui la tenaient étaient tièdes encore. Elle pensa : « Jusqu’au dernier moment, il m’a tenu la main. » Elle dut tirer un peu pour se dégager et lui clore les yeux. Mère l’aida pour la toilette. Sauf le dos, à la place des ventouses, le corps était tout blanc : il n’avait pas maigri.