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Louise venait. Pourquoi non ? Une pauvre fille a le malheur de vivre en maison. On la console. Marie avait simplement dit :

— Louise, devant les domestiques, il vaut mieux qu’ils ignorent. Tout de même, si tu pouvais, comme moi, sortir ? Veux-tu que j’essaie ?

— Trop tard, disait Louise.

Elle racontait la moutarde, les chambranles, les histoires de là-bas. Marie en pensait d’autres bien plus intéressantes : François adorait les douceurs ; alors il y avait les confitures qu’on allait préparer cette semaine. François, très vite, s’enrhumait ; alors, cette toux à guérir. François était chasseur ; alors :

— Figure-toi, Louise, François a tué un lièvre, c’est difficile à réussir un râble.

Louise fumait sa cigarette :

— Et tu aimes ton François ?

— Bien sûr.

— Voyons, entre nous : un homme qui te paie.

D’abord il ne la payait pas : ils vivaient ensemble parce que la place de la femme est près de l’homme. À la fin du mois, elle disait : « François, tu m’as remis autant pour le ménage… voici les comptes… voici ce qui reste. » Elle était économe, il en restait toujours.

Une fois, François lui donna mille francs.

— Pour toi.

Elle fut gênée :

— Mais non, François.

— Si… si… pour toi, Petite-Marie, pas pour le ménage, pour toi.

Ces mille francs, elle les versa où on verse