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lampe, elles brillent plus que dans la main de d’Artagnan, plus que dans ses poches où si tôt elles s’éteignent. Un petit geste à faire, elles brilleraient dans les vôtres. Et dans la tête de Marie cela fait une autre lumière, une autre, et alentour de nouvelles souris qui trottinent : Ouste, les souris !

Dans le temps il y avait une Marie sur la porte avec Hector ; il y avait une Marie bien propre dans sa cuisine ; il y avait une Marie près de Monsieur ; il y avait la Marie d’Yvonne, la meilleure, avec des lèvres — pas d’hommes — d’enfant sur le sein. Maintenant : la môme à d’Artagnan. Pouah !

Quoi ? Qu’oses-tu penser là, Marie ? Un jour, à l’ours, tu as dit précisément ce que tu penses : « Je partirai » ; et lui : « Londres est petit, si tu files, gare ! » « Gare », tu entends. Tu crois à « gare » comme tu crois à la Pipe de la Reine.

Et pourtant « Pars ». Vraiment, oui, une voix qu’elle entend, pas dans la chambre, dans sa tête, et pas avec une langue : un « Pars » comme quand on rêve ; « un Pars » comme quand on souhaite ; puis un « Pars » comme quand on vous ordonne :

— Pars.

— Oui, mais l’ours : Londres est petit…

— Quand même, pars.

— Et s’il se réveille : son pouce sur la gorge !

— Pars.

C’est puissant une voix qui commande. Elle met dans le lit deux Marie, l’une la trembleuse, celle qui prête le dos sous les coups, l’autre qui a dit un jour : « Toi, si tu oses ! » Celle-là n’a pas peur, celle-là sait agir. Elle