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dans la littérature pure. Je me suis attaché à l’étude des racines des langues mortes et des cellules des êtres vivants. Quand j’étais petit, on disait : il faut le prendre par la compassion, et j’étais toujours pris. J’en ai gardé une profonde répugnance pour tout ce qui veut encore par là me faire chanter. Dès que je pressens que l’auteur me vise au cœur, et qu’il essaie de remuer les viscères, je ferme le livre. Je renâcle à tout ce qui veut imposer au lieu de convaincre.

« N’empêche que j’ai connu toutes les misères de l’état d’écrivain et les affres de l’édition : de la copie dactylographiée qu’on n’a pas le courage de retaper une vingtième fois, l’épreuve où besoin est de lésiner, la fatale mise en page qui doit demeurer blanche comme un suaire, le moment de l’agonie, le bon à tirer ! Le bon à tirer, c’est l’auteur. Ce n’est pas tout. Il y a aussi les retards de l’éditeur, de l’imprimeur et du