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les objets éloignés, c’est l’effet naturel de la foiblesse de ses esprits ; car, lorsqu’on a la migraine ou des vertiges, on a une sorte de nuage sur la vue, et l’on s’imagine aussi voir tourner tous les objets ; genre d’illusion qu’on éprouve également dans une légère syncope. Le déplacement apparent de tous les objets aux yeux de l’homme ivre, est une conséquence naturelle de la réfraction de ses esprits visuels ; la vapeur du vin, qui l’offusque, étant un milieu fort inégal[1] ; genre de réfraction assez analogue à celle qui fait paroître hors de leur véritable place tous les objets plongés dans l’eau. Si tous les objets voisins lui paroissent doubles, cette illusion est l’ef-

    son suffisante pour se pencher vers la muraille ; mais, comme il ne se sent pas en état de rendre un jugement définitif entre lui et cette muraille, il suppose le pire, et décide prudemment que c’est elle qui se penche vers lui.

  1. Il voit tout à travers un brouillard ; mais ici le brouillard est en dedans : tant que l’on boit, il fait beau ; mais dès que l’on cuve, il pleut.