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observation qui se présente sur ce sujet, c’est qu’à proprement parler, le rire n’est point une passion, vu qu’il prend sa source dans l’entendement, étant toujours précédé de l’idée de quelque objet plaisant. En un mot, il est toujours précédé de quelque réflexion, aussi est-il particulier à l’homme. En second lieu, le rire ne suppose les esprits que très légèrement affectés, et dépend d’une impression beaucoup moins intime et moins profonde que celles qui ont lieu dans les passions proprement dites ; et l’on peut l’exciter par des moyens qui n’ont aucune espèce de relation avec ces passions. Par exemple : il suffit, pour faire rire aux éclats, de chatouiller certaines parties du corps. On voit même bien des personnes qui, dans les occasions où elles ne doivent être occupées que de choses graves, et où le rire est tout-à-fait déplacé, ne peuvent garder leur sérieux. En troisième lieu, le rire est toujours accompagné d’un certain plaisir, et il a une relation naturelle avec la joie, quoi-