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chose sous les yeux, et de déterminer avec précision le véritable état de la question, je reviens à l’avertissement que j’ai donné plus haut. Je dis donc que, pour faire toutes les expériences de ce genre, il faut employer, non sa propre imagination, mais celle d’un tiers. En effet, il est trois espèces de moyens pour renforcer la persuasion ou la croyance ; savoir : l’expérience, le raisonnement et l’autorité. Mais, de ces trois moyens, le plus puissant, c’est certainement le dernier ; toute croyance, fondée uniquement sur le raisonnement ou l’expérience, étant variable et chancelante[1].

  1. Un homme qui n’ajoute foi qu’aux révélations de l’expérience et de la raison naturelle, examinant beaucoup toutes ses opinions, découvre de jour en jour de nouvelles expériences, ou de nouveaux raisonnemens qui l’obligent de changer, ou de rectifier ses premières opinions. Au lieu qu’un sot qui digère comme un article de foi l’opinion d’un fou, ou d’un charlatan, ne l’examinant jamais, n’a jamais de raison pour changer de sentiment. Ainsi, la recette la plus sûre pour être constant, c’est d’être un sot.