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piration de cet énorme animal, absorbant et rejetant tour à tour les eaux de l’océan par une sorte d’aspiration et d’expiration, semblable à celle d’un animal proprement dit. Mais ce n’étoit pas tout ; de cette première supposition ils tiroient des conséquences : si l’univers, disoient-ils, est un animal, il a donc une âme, un esprit, que nous pouvons appeller l’esprit ou l’âme du monde, et ils lui donnoient en effet ce nom. Or, ce n’étoit pas l’Être suprême qu’ils désignoient par cette dénomination ; car d’ailleurs ils admettoient l’existence d’un Dieu, mais seulement l’âme ou la forme essentielle de l’univers comme nous venons de le dire[1]. Ce fondement une

  1. Les anciens attachoient deux significations très différentes à ces deux mots, âme et esprit ; ils entendoient, par le premier, l’âme végétative et matérielle, qui anime immédiatement le corps ; et par le dernier, l’âme immatérielle, qui a la propriété de mouvoir immédiatement la grosse âme, et médiatement le corps, parce qu’elle ne peut toucher ni à l’une ni à l’autre.