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spécifique ; ces ailes, lorsqu’elles sont très volumineuses et parfaitement déployées, ne pouvant tout au plus que ralentir la chute.

La première condition d’une machine volante est donc que le mouvement des ailes de haut en bas soit non-seulement plus fort, mais même beaucoup plus fort que celui de bas en haut, puisqu’elle ne peut s’élever, ni même se soutenir, qu’en vertu de la différence de ces deux mouvemens, et de l’excès du premier sur le dernier.

Si ce principe est vrai, la nature doit l’avoir gravé dans la structure même d’un oiseau[1]. Or, cette condition que nous exigeons, se trouve en effet dans la structure de l’oiseau. Découpez une volaille, qu’y verrez-vous ? Que la partie la plus charnue des ailes est du côté du ventre, et par conséquent que les muscles abaisseurs de chaque aile sont beaucoup plus forts que ses muscles élévateurs : ce qui donne beaucoup plus de force à leur mouvement de haut en bas, et à la réaction de l’air de bas en haut, qu’au mouvement et à la réaction contraires.

  1. Il falloit, dans la construction des machines volantes, prendre pour modèles les oiseaux, comme, dans la construction des premiers bateaux, on avoit pris pour modeles les poissons ; par la raison toute simple que, pour apprendre un métier, il faut considérer et imiter ceux qui l’exercent le mieux.