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qui les précèdent ou les suivent, on peut conjecturer que la grande nuaison de vent de nord, qui a ordinairement lieu vers le temps du solstice d’hiver, sera aussi de très longue durée, et que l’intensité du froid qui régnera alors, sera proportionnelle à cette durée. Ce dernier signe est purement conjectural ; et je ne pourrois l’appuyer d’aucune observation directe. Cependant il mérite d’autant plus d’être vérifié, qu’il tient à ce grand principe qui se montre sous différentes formes dans les meilleurs livres. Le spectacle de cet univers n’est qu’un phénomène infini en tout sens, et unique, qui se développe et se déroule, pour ainsi dire, dans toute l’immensité de l’espace et de la durée, sans y laisser aucun vuide : ses parties, toutes immédiatement ou médiatement contiguës, se poussent, pour ainsi dire, réciproquement, chaque grande période, chaque année, chaque saison, chaque heure, chaque génération d’êtres, enfantée par celle qui l’a précédée, enfante elle-même celle qui la suit, et dont elle recèle le germe dans son sein. Tel est le véritable sens de ce mot si célèbre attribué à notre auteur : le présent est gros de l’avenir. Or, si chaque temps contient le germe du temps qui le suit, il n’est donc pas impossible, en étudiant et considérant de bien près cent étés, cent automnes et cent hivers, de découvrir quelle espèce d’été et