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lieu de marcher toujours terre à terre, et de nous ensevelir dans cette immensité de détails, nous dirigeons toujours notre exposé de manière qu’il s’élève quelque peu vers ce but ; je veux dire, vers l’invention des principes, et la découverte des causes. Quelques écrivains, anciens ou modernes, je le sais, ont tenté de frayer cette route ; mais ces causes qu’ils assignent sont purement chimériques ; et les prétendues règles qu’ils tirent de ces conjectures, sont également imaginaires. De telles explications et de tels préceptes, infectés de préjugés antiques, ne sont, à proprement parler, que des philosophies indigestes, et de vraies déjections de l’expérience[1].

  1. Cette impertinente phrase est une vraie déjection d’un grand génie ; j’ai peine à me persuader qu’elle vaille mieux que toute l’histoire naturelle d’Aristote et toute celle de Pline. En quelque genre que ce puisse être, c’est toujours le plus foible qui a recours le premier aux invectives : moins on digère, plus on rejette par bas.