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danser avec des souliers fort pesans[1].

440. Si l’on fait à l’écorce d’un arbre

    l’univers, et brûloit Rome pour se désennuyer. Un roi est presque toujours malheureux, parce qu’il est trop haut, et ne sait pas se ménager, en descendant quelquefois volontairement, le plaisir de remonter. Ainsi, pour faire prospérer un empire, un lapin, un roi et un navet, il faut le placer d’abord, sinon au plus bas, du moins fort bas, afin de lui laisser presque toute l’échelle du mieux à monter. D’où nous tirerons en passant cette conséquence morale : plus la situation où l’on se trouve habituellement est heureuse en elle-même, plus il est nécessaire d’en descendre quelquefois, pour ne pas se rassasier de son bonheur et de soi-même.

  1. Et s’exercer, en commençant chaque journée, dans un genre beaucoup plus difficile que celui dont on est habituellement occupé, afin que ce travail habituel paroisse un repos : tel étoit encore l’esprit de l’institution de Lycurgue ; persuadé qu’il ne peut exister entre les nations de véritable égalité, et qu’il faut absolument être le plus fort pour n’être pas le plus foible, commander pour ne pas obéir, et être courageux pour n’être pas esclave, il leur assura la supériorité en les rendant guerriers, et il les rendit guerriers en leur rendant la paix plus pénible que la guerre.