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soient plutôt des réflexions que des observations ou des expériences, et composent plutôt une science d’idées qu’une science de faits[1].

  1. S’il existoit des lignes sans largeur, des surfaces sans épaisseur, des figures parfaitement régulières, et des solides également réguliers, quelles seroient leurs propriétés ? Tel est l’état de la question en géométrie. Ainsi, tout le corps de cette science n’est qu’une vaste hypothèse dont les conséquences s’appliquent d’autant mieux à la pratique, que les lignes, les figures ou les solides réels à construire ou à mesurer, approchent plus de ces suppositions. Mais, quoique les objets que considère la géométrie, les figures, par exemple, soient purement idéales, elles sont pourtant originaires des figures réelles qui en ont donné l’idée, et auxquelles l’homme a fait, pour sa commodité, quelques changemens en y supposant l’égalité et la symétrie qu’il auroit voulu y trouver ; à peu près comme les hommes imaginaires qui sont l’objet de la morale à perte de vue sont originaires des hommes réels, dans lesquels on n’a pas trouvé les qualités sublimes qu’on y souhaitoit et qu’on voudroit leur donner, à force de sermons religieux, oratoires ou poétiques, au profit du prédicateur. Ainsi, la géométrie et toutes les autres sciences d’idées sont originairement des sciences de faits.