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Car être libéral, ce n’est pas donner beaucoup, mais donner avec beaucoup de plaisir ce qu’on peut donner ; c’est être habituellement disposé à se payer soi-même de cette joie qu’on fait rayonner sur le visage d’un infortuné ; disposition qui, en se manifestant d’une manière très sensible à celui qui reçoit, augmente et sanctifie le don. En Un mot, l’avarice aura toujours son effet dans l’homme dont nous parlons ; savoir, celui de diminuer l’effet de la vanité. J’ai dit ordinairement, parce qu’en certain cas l’affectation de la libéralité produit la prodigalité ; et l’avarice ne se décèle pas moins par la profusion que par la lésine.

Il en faut dire autant d’un homme naturellement libéral, qu’une extrême pauvreté oblige d’être très économe, et que cette économie forcée fait paroître avare.

2°. Il y a des causes qui, au minimum et au degré moyen, ont leur effet propre et direct, mais qui, au maximum, ne l’ont plus. Car chaque cause a besoin de certaines conditions pour exercer librement son action, et produire sensiblement tout son effet. Or, comme nous le disions dans la note précédente, ces conditions n’augmentent pas toujours en même raison que la cause : quelquefois elles décroissent tandis que la cause augmente ; souvent même la cause efficiente, par cela seul qu’elle croît, diminue ces conditions en plus grande