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gauche étoit un ravin très profond, au-delà du quel étoit un bois assez grand. J’observai que le brouillard, qui se dissipoit par-tout ailleurs, s’attachoit à certains arbres et y restoit fixé pendant quelques minutes ; à peu près comme j’ai vu les nuages s’attacher au sommet, ou plutôt à certaines parties de plusieurs montagnes très élevées (comme celles de l’île de Terre-Neuve, du royaume de Grenade en Espagne, du cap de Bonne-Espérance, de l’île de Java, des Alpes septentrionales et méridionales ; enfin, sur ce morne au pied duquel est située la ville du Cap-Francais à St. Domingue). Malheureusement le ravin ne me permit pas d’approcher assez de ces arbres, pour pouvoir en distinguer l’espèce ; mais ils me parurent plus élevés que ceux auxquels le brouillard ne s’attachoit point ; en sorte qu’il reste à savoir si la véritable cause de ce phénomène est la nature particulière de ces arbres, ou simplement leur élévation. On pourroit croire que ces nuages, après s’être abattus presque jusqu’à terre, venant à rencontrer des touffes d’arbres fort élevés, leur mouvement, qui est alors fort ralenti, paroît de loin tout-à-fait arrêté. Mais, comme je les ai vu s’attacher de même à certaines parties de plusieurs montagnes, ou totalement dépouillées de végétaux, ou couvertes de végétaux fort bas, il semble qu’il y ait ici un peu d’attraction dépendante de la nature du