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tions et de combinaisons qu’il faudroit embrasser pour devenir vraiment savant en quelque genre que ce fût ; et convaincu que les parties de ce vaste univers, toutes immédiatement ou médiatement contiguës les unes aux autres, toutes sans cesse agissantes et réagissantes les unes sur les autres, étant ainsi nécessairement toutes causes et effets ; buts et moyens, principes et fins les unes des autres, tout tient à tout, et il y a de tout dans tout *3 : que les véritables sciences, toutes contiguës les unes aux autres, comme les parties de l’univers qu’elles représentent, sont les membres également nécessaires d’un seul corps indivisible et immense qui déborde en tout sens l’étroite capacité de l’entendement humain : enfin, que les diverses sciences étant moins la considération des différentes parties de l’univers, que les différentes manières d’en considérer chaque partie pour savoir à fond une seule chose, il faudroit savoir tout ; alors je commençai à savoir que je ne savois rien, et à croire que je ne pouvois rien apprendre. Il me paroissoit impossible d’acquérir sur le sujet le plus limité des connoissances suffisantes, s’il n’existoit quelque voie plus abrégée que ces longues analyses auxquelles je me croyois condam-

 *3.  Tout nous touche en ce monde, puisque tout s’y touche.