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pas d’un fort grand usage. De même les lettres de l’alphabet, prises en elles-mêmes et considérées une à une, ne signifient rien, et sont presque inutiles ; ce sont elles pourtant qui composent tout l’appareil du discours, elles en sont les élémens et comme la matière première. C’est encore ainsi que les semences des choses, dont l’action est si puissante, ne sont d’aucune utilité, sinon au moment où, déployant cette action, elles opèrent le développement des corps. Enfin, quand les rayons de la lumière elle-même sont dispersés, si l’on ne sait les réunir, on ne jouit point de ses heureux effets[1].

  1. Les propriétés composées dont nous avons besoin à chaque instant, sont des assemblages, des combinaisons de propriétés simples et élémentaires. Le nombre de ces combinaisons est infini ; au lieu que celui de ces élémens est fini et peut-être très petit. S’attacher aux élémens, est le plus sûr moyen d’abréger ses études ; au lieu que vouloir étudier toutes ces combinaisons une à une, c’est se jeter dans l’infini. Autant vaudroit, pour apprendre à lire, étudier tous les mots un à un, au