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et d’après leur imagination qui en est toute remplie, toute imbue ; en un mot, ils veulent absolument deviner l’inconnu par le connu ; conjectures d’autant plus trompeuses, que la plupart de ces découvertes qui dérivent des sources mêmes des choses, n’en découlent point par les ruisseaux ordinaires et connus.

Par exemple, si quelqu’un, avant l’invention de la poudre à canon et de l’artillerie, eût parlé ainsi : on a inventé une machine par le moyen de laquelle on peut, de la plus grande distance, ébranler, renverser même les murs les plus épais, et ruiner quelque fortification que ce puisse être, on eût d’abord pensé à

    le jugement porté sur l’invention d’autrui en supposent-ils. Or, si tout jugement renferme une comparaison, les hommes ne pouvant juger d’une chose nouvelle qu’en la comparant ; la comparer qu’avec ce qu’ils connoissent ; connoître que ce qui est déjà inventé, et qu’il désigne ici par cette expression, les choses anciennes, il s’ensuit que les home mes ne peuvent juger des choses nouvelles que par comparaison avec les anciennes.