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traiter les sciences, se partageoient en deux classes ; savoir les empyriques et les dogmatiques. L’empyrique semblable à la fourmi, se contente d’amasser et de consommer ensuite ses provisions. Le dogmatique (a), tel que l’araignée, ourdit des toiles dont la matière est extraite de sa propre substance : l’abeille garde le milieu, elle tire la matière première des fleurs des champs et des jardins ; puis, par un art qui lui est propre, elle la travaille et la digère. La vraie philosophie fait quelque chose de semblable : elle ne se repose pas uniquement ni même principalement sur les forces naturelles de l’esprit humain ; et cette matière qu’elle tire de l’histoire naturelle, elle ne la jette pas dans la mémoire telle qu’elle l’a puisée dans ces deux sources ; mais après l’avoir aussi travaillée et digérée, elle la met en magasin. Ainsi, notre plus grande ressource, et celle dont nous devons tout espérer, c’est l’étroite alliance de ces deux facultés, l’expérimentale et la rationnelle ; union qui n’a point encore été formée.