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cela. Aussi est-ce ce que nous regardons nous-mêmes plutôt comme l’effet d’un certain bonheur, que comme la preuve d’un talent supérieur : oui, c’est plutôt un fruit du temps, qu’une production du génie.

Or, en premier lieu, pour peu qu’on arrête son attention sur ce grand nombre de siècles qui en impose à la première vue, et qu’on se fasse une juste idée de cette durée, on la verra se réduire à bien peu d’années. En effet, de vingt-cinq siècles, espace de temps où la science et la mémoire des hommes se trouvent presque entièrement circonscrites, à peine en peut-on détacher et marquer six qui aient été vraiment productifs pour les sciences, et favorables à leur accroissement. Car le temps, ainsi que l’espace, a ses déserts et ses solitudes. À proprement parler, les sciences n’ont eu que trois révolutions ou périodes : la première, chez les Grecs ; la seconde, chez les Romains ; la troisième, chez nous ; je veux dire chez les Européens