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d’inertie, ou la paresse, l’un de ses deux plus grands ennemis. Mais n’est-il point de milieu entre la fureur de dogmatiser, et le doute perpétuel ? oui, sans doute, il en est un ; ce milieu est d’oser dire ce qu’on sait, et se taire sur ce qu’on ne sait pas ; ou mieux encore, avouer ingénument qu’on l’ignore, aveu qui n’est rien moins que pénible, pour qui connoit la nature de l’esprit humain, et celle des objets de nos études. En effet, chaque objet que nous considérons étant divisible à l’infini, soit quant à ses parties réelles, soit quant à ses modes, simultanées ou successifs, et chaque individu tenant à tous les autres, comme cause et comme effet, tous les sujets de nos analyses sont si prodigieusement composés, que l’esprit humain ne peut jamais en embrasser aucun dans sa totalité ; et fût-il en état de faire des analyses complètes, il n’auroit aucun moyen pour s’assurer qu’il ne lui a échappé aucune considération nécessaire. Avec quelque attention et quelque patience que nous ayons examiné un sujet, si nous venons à l’examiner de nouveau, nous y découvrons toujours quelque chose que nous n’y avions pas aperçu dans le premier examen, et qui nous oblige changer ou à modifier l’opinion que nous nous en étions formée d’abord. Ainsi, à proprement parler, toutes nos études ne sont que commencées ; nous n’avons jamais droit de porter de jugemens définitifs ; tous