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et vous applaudit, ayez soin aussitôt de vous bien examiner vous-même afin de voir si, soit dans vos discours ou dans vos actions, il ne vous seroit pas échappé quelque sottise[1]. Cette unanimité est donc un fort mauvais signe. Ainsi concluons en général, que les signes qui peuvent nous mettre en état de juger de la vérité et de la solidité des doctrines, ne nous annoncent rien de bon par rapport aux philosophies en vogue de nos jours, soit qu’on en juge par leur origine, par leurs fruits, par leurs progrès, par l’aveu des inventeurs ou des maîtres, ou même par l’approbation universelle dont elles semblent jouir. C’est désormais un point hors de doute, et suffisamment prouvé[2].

  1. La multitude des sots ne convertit point leur sottise en sagesse ; ce n’est tout au plus qu’une multiplication de sottises, et le produit est de même nature que le multiplicande.
  2. Il semble, à la première vue, qu’il y ait un peu de contradiction entre cet aphorisme et le précédent ; car on est d’abord tenté de raisonner ain-