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à une, cette impossibilité où l’on est de les observer, et même de se les rappeler toutes, les rendroit encore presque entièrement inutiles. De plus, ces règles étant assez difficiles, et exigeant une certaine mesure d’attention, soit pour les bien entendre, soit pour les appliquer avec justesse, cette attention dont elles s’emparent, est autant de perdu pour le fond du sujet ; porte qui, dans le fait, est si grande, que, si l’on donnoit au sujet même la moitié de l’attention qu’usurpent les règles, on pourroit se passer de ces règles. Sans compter que les méthodes abstraites de la logique ordinaire, exerçant beaucoup plus la raison, faculté peu active, que l’imagination, principe de toute activité, refroidissent l’homme en l’éclairant, lui ôtent l’impulsion en lui donnant la direction, et lui montrent d’excellentes routes qu’elles l’empêchent de suivre. En sorte que si cette multitude de règles abstraites peuvent être de quelque utilité, ce n’est pas en tant qu’elles soient nécessaires pour inventer aisément, ou pour raisonner juste, mais en tant qu’elles fortifient l’esprit de ceux qui s’en occupent, pour les inventer, les vérifier ou les appliquer, et qu’en les exerçant sur un sujet inutile et pénible, elles les rendent plus capables de méditer avec fruit sur des sujets plus aisés et plus utiles. Mais la véritable logique, c’est-à-dire, l’art d’inventer et de dé-