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me soit maître de saisir par portions ce Dieu matériel, de le mettre en bouteille, de l’appliquer à différens sujets, et d’opérer, par ce moyen, quelques-uns de ces prodiges que les alchymistes promettent de si bonne foi quand leur bourse est pleine et de si mauvaise foi quand elle est vuide ; tels que transformation de corps, production de nouvelles espèces, rajeunissement, guérisons subites de maladies, etc. C’est même sur une hypothèse analogue à cette dernière, qu’ils fondent leurs rêves dorés et leurs faméliques espérances. Car voici à peu près comme ils raisonnent, ou peuvent raisonner d’après leurs principes. Il existe nécessairement dans la nature un agent universel ; autrement cette multitude innombrable de chocs, selon toutes les directions, qu’essuient les corps flottans dans l’espace, tendant à diminuer sans cesse le mouvement, le réduiroient bientôt à zéro ; et la grande machine s’arrêteroit. Il y faut donc un remontoir continu, une force qui lui rende à chaque instant le mouvement perdu. Cet agent, qui remonte sans cesse la machine, doit être matériel ; car, s’il étoit immatériel, il ne pourroit toucher les corps : or, il est difficile de pousser un corps et de le mouvoir par cette impulsion, sans y toucher. Cette matière où réside la force motrice, doit aussi être un fluide ; sans quoi elle ne pourrait agir sur les composés, à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur, ni