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rapporter à un autre fait plus général, dont on croit qu’il n’est qu’un cas particulier. De cette définition nous tirerons deux conséquences : l’une est qu’un fait absolument général et sans exception, si on le découvroit jamais, seroit celui qui expliqueroit tous les autres. L’autre conséquence est que ce même fait, par cela seul qu’il seroit le plus général de tous, et qu’il expliqueroit tous les autres, seroit lui-même inexplicable et n’auroit pas besoin d’être expliqué, puisque, par la supposition, il n’y auroit point d’autre fait plus général auquel on pût le rapporter et dont il pût être un cas particulier. Mais, comme les faits à expliquer sont en beaucoup plus grand nombre que ceux qui les expliquent, nous contractons de bonne heure l’habitude et le goût, ou plutôt la manie des explications ; puis, quand nous arrivons à un fait général, conservant cette habitude, nous demandons encore des explications ; quoiqu’alors elles ne nous soient pas dues et qu’elles ne soient pas plus possibles que nécessaires. Il nous semble qu’à la proposition qui sert de texte, on doive toujours ajouter quelque chose, même quand tout est dit. Enfin ce fait qu’on n’a ni dû, ni pu, ni voulu expliquer, nous le traitons de qualité occulte, comme si ce qu’il y a d’occulte ou de caché, dans la raison d’un fait, empèchoit qu’il ne fût réel et constaté, et qu’on fût