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sur les phénomènes qui sont l’objet de la philosophie, bâtir une infinité de dogmes et de systèmes. Or ces pièces, que les philosophes viennent ainsi jouer successivement, productions vraiment théâtrales ressemblent fort à celles qui paroissent sur le théâtre des poëtes ; et ont, avec ces dernières, cela de commun qu’étant destinées à produire de l’effet sur la scène, et à plaire aux spectateurs, elles sont plus artistement composées et plus agréables que les narrations simplement historiques ; parce que, tous ces objets qu’elles représentent, elles les font paraître tels qu’on souhaiteroit qu’ils fussent[1].

  1. Et de cette cause même naît leur plus grand inconvénient ; en offrant à notre imagination des objets beaucoup plus parfaits, ou plus agréables que les objets réels, et dont elles nous donnent le besoin en nous en donnant l’idée, elles font que nous ne savons plus vivre de ce que nous avons, et que, cherchant toujours dans la nature ce qu’il est impossible d’y trouver, nous sommes toujours mécontens et malheureux. L’art semble nous en-