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jours en revenir aux faits particuliers, à leur suite et à leur enchaînement, comme nous le montrerons bientôt, quand nous traiterons de la manière de former les notions et les principes.

LX.

Les préjugés que les mots introduisent dans l’esprit humain, sont de deux espèces. Ou ce sont des noms de choses qui n’existent point ; car, de même qu’il y a des choses qui manquent de noms, parce qu’on ne les a pas encore aperçues ou suffisamment observées, il y a aussi des noms qui manquent de choses qu’ils puissent désigner, parce que ces choses-là n’existent que dans la seule imagination qui les suppose : ou ce sont des noms de choses qui existent réellement mais confus, mal déterminés, n’ayant rien de fixe, et ne désignant que des notions hazardées. Il faut ranger dans la première classe la fortune, le premier mobile, les orbites des planètes, l’élément du feu, et cent autres dénomina-