Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/206

Cette page n’a pas encore été corrigée

connue ; car le sens est par soi-même quelque chose de bien foible, de bien trompeur[1] ; et tous ces instrumens que nous employons, soit pour aiguiser nos sens, soit pour en étendre la portée, ne remplissent qu’imparfaitement ce double objet. Mais toute véritable interprétation de la nature ne peut s’effectuer qu’à l’aide d’observations et d’expériences convenables et appropriées à ce dessein, sans perdre jamais de vue cette distinction si importante, que le sens ne doit être fait juge que de l’expérience, et que c’est l’expérience seule

  1. Toutes nos connoissances sont originaires des sensations, et il n’est pas vrai que les sens noua trompent ; ce qui nous trompe, ce sont les jugemens précipités que nous portons d’après la seule sensation actuelle, et d’après une seule espèce de sensations. Mais, en comparant ensemble avec soin, et les différentes espèces de sensations que nous éprouvons dans un même temps, et celles que nous avons éprouvées en différons temps, nous saisissons enfin la vérité, c’est-à-dire, ce qu’il y a de commun et de constant dans nos sensations.