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un mal inhérent à la race humaine ; un vrai mal de famille : car rien n’est plus dénué de fondement que ce principe : Le sens humain est la mesure de toutes les choses[1]. Il faut dire au contraire, que toutes les perceptions, soit des sens, soit de l’esprit, ne sont que des relations à l’homme, et non des relations à l’univers (a). L’entendement humain, semblable à un miroir faux, fléchissant les rayons qui jaillissent des objets, et mêlant sa propre nature à celle des choses, tache, tord, pour ainsi dire, et défigure toutes les images qu’il réfléchit [2].

  1. Ceux qui ont prétendu que nos sens sont la mesure de tout, n’ont pas précisément voulu dire qu’on doit, par choix, se servir des sens pour tout mesurer mais que, n’ayant pas au fond d’autre mesure que celle-là, on est forcé de l’appliquer sur tous les êtres ; opinion fort vraisemblable et qui n’est qu’une conséquence de cet axiome si bien développé par Locke : il n’est rien dans l’entendement qui n’ait d’abord été dans le sens.
  2. L’âme humaine n’ayant de commerce avec les corps extérieurs que par l’entremise de celui