Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/401

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’un état ne doit pas se flatter de pouvoir s’agrandir, si à la première occasion juste, il ne s’éveille aussi-tôt pour courir aux armes.

9. Aucun corps, soit naturel, soit politique, ne peut, sans faire d’exercice, jouir d’une santé ferme et inaltérable. Or, quant aux royaumes et aux républiques, une guerre juste et honorable est ce qui leur tient lieu d’exercice.[1]. La guerre civile est comme la chaleur de la fièvre ; mais une guerre au-dehors

  1. C’est aussi, je crois, une espèce de saignée, qui de temps en temps est, je ne dirai pas nécessaire, mais seulement nécessitée ; cet autre genre d’évacuation, qu’on opère en formant des colonies, étant presque toujours funeste aux métropoles : car les états, comme les individus, sont, par l’effet naturel de l’abondance, du repos et d’un bon régime, sujets à des plénitudes, dont le remède, comme dans le corps humain, est une évacuation. Il faut que le corps politique fasse une sorte de diète, en se privant de quelques-uns de ses membres ; et pour que l’état vive ; il faut que quelques citoyens meurent : cela est bien triste sans doute, mais cela est.