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ces sortes de travaux[1]. Mais, depuis l’établissement du christianisme, l’usage des esclaves est presque entièrement tom-

  1. Voici quel étoit, à cet égard l’esprit de l’institution de Lycurgue. Tout homme continuellement occupé d’un métier qui le fait subsister, ou qui l’enrichit, est trop souvent ramené à son intérêt particulier, et pas assez à l’intérêt commun ; et un homme animé d’un tel esprit, ne peut être un bon citoyen : reste donc pour faire subsister l’homme, sans détruire le citoyen, à le faire vivre de brigandage ; ou à faire exercer par des esclaves l’agriculture, les métiers, les arts et le commerce ; ou encore à ne laisser le droit de suffrage et d’éligibilité, qu’à ceux qui exercent continuellement et uniquement la profession militaire ; en l’ôtant à tous ceux qui exercent les professions pacifiques. Car les seuls hommes qui aiment à voir fleurir l’arbre de la liberté et qui sachent le cultiver, ce sont ceux qui savent arroser de leur sang la terre où il est planté. Il faut, ou savoir adoucir sa servitude par une obéissance volontaire, ou mériter la liberté en méprisant la vie ; ce bien inestimable, comme tout s’efforce de nous le ravir, le seul moyen, pour le conserver, est de se mettre en état de le disputer sans cesse ;