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plus le nombre même des troupes n’y fait pas beaucoup, dès que le soldat est sans force et sans courage ; et c’est avec raison que Virgile a dit : le loup ne s’inquiète guère du nombre des brebis. L’armée des Perses campée dans les champs d’Arbelle sous les yeux des Macédoniens, leur sembloit un vast océan d’hommes ; en sorte que les généraux d’Alexandre, un peu étonnés de ce spectacle même, tâchoient de l’engager à livrer la bataille de nuit ; non, non, répondit-il, je ne veux pas dérober la victoire. Ce fut une opinion semblable à celle de ces généraux, qui rendit plus facile la défaite de Tigranes. Ce prince étant campé sur une certaine colline avec une armée de quatre cent mille hommes, et considérant l’armée romaine de quatorze mille tout au plus, qui marchoit contre lui, dit à ses courtisans : si ce sont-là des ambassadeurs, c’est beaucoup trop ; mais si ce sont des soldats, c’est trop peu, et il se complaisoit dans ce bon mot. Cependant avant le coucher du soleil il éprouva